Maroc : L’Annulation de l’Aïd Al-Adha Plonge les Éleveurs dans l’Inquiétude

Le Maroc a officiellement annoncé l’annulation de la célébration de l’Aïd Al-Adha cette année, une décision qui suscite une vive inquiétude chez les éleveurs de bétail. Cette mesure, relayée par le ministre des Habous et des Affaires islamiques, Ahmed Toufiq, s’appuie sur les difficultés économiques et la rareté du cheptel national, affectant particulièrement les foyers à revenu modeste.
Dans son annonce, le ministre a rappelé que «l’Aïd Al-Adha est une sunnah confirmée conditionnée par la capacité financière, et que, dans le contexte actuel, son maintien causerait un préjudice important à une grande partie de la population». Cette décision intervient après des alertes sur la baisse significative du cheptel national, estimée à 38 % par rapport à 2016, selon le ministre de l’Agriculture, Ahmed El Bouari.
Les éleveurs de moutons et de bétail, déjà fragilisés par la hausse des coûts de l’alimentation animale et la sécheresse persistante, expriment leur préoccupation face à ce revirement soudain. Mohamed Salhi, membre de l’Association marocaine des éleveurs d’ovins et de caprins, souligne que beaucoup d’agriculteurs ont contracté des dettes pour préparer leurs troupeaux en prévision de la fête. Certains doivent jusqu’à 50 millions de centimes, et la brusque annulation de l’Aïd pourrait les mener à la faillite, voire à des poursuites judiciaires pour impayés.
Outre les éleveurs, plusieurs secteurs d’activité liés à cette célébration risquent de subir un contrecoup économique. Les marchands de fourrage, de charbon de bois et de matériaux de transport du bétail figurent parmi les premières victimes de cette décision.
Face à cette crise, les professionnels du secteur appellent le gouvernement à mettre en place des mesures de soutien urgentes, notamment des indemnisations pour les éleveurs endettés et des aides pour garantir la reconstitution du cheptel national. « L’importation massive de viandes et d’animaux d’élevage n’est pas une solution viable à long terme », prévient Salhi, insistant sur l’importance d’une politique agricole durable pour préserver l’élevage national.
Le gouvernement devra ainsi faire face à un double défi : atténuer les effets de cette annulation sur les éleveurs tout en assurant un approvisionnement en viande accessible pour les consommateurs. Une réponse rapide et adaptée semble indispensable pour éviter une crise sociale et économique d’ampleur.