
Alors que l’intelligence artificielle (IA) révolutionne des secteurs tels que la santé, l’industrie et les communications, la question de son intégration dans l’enseignement primaire au Maroc suscite un vif débat. En effet, cette technologie pourrait offrir un apprentissage personnalisé, favoriser la pensée critique et créative, et préparer les jeunes générations à un avenir numérique en constante évolution. Toutefois, des interrogations persistent sur la manière dont l’IA peut améliorer la qualité de l’enseignement, les outils adaptés à la salle de classe et les défis à relever pour une intégration efficace.
Une technologie en classe, entre atouts et risques
Pour Mohamed Fanani, enseignant en primaire, l’IA est déjà présente dans la vie des élèves. « Environ un tiers de mes élèves l’utilisent régulièrement, ce qui reflète une nouvelle réalité éducative », explique-t-il. Il insiste sur l’importance d’en faire un outil complémentaire et non un substitut des compétences traditionnelles. Toutefois, il met en garde contre le risque d’uniformisation de la pensée et d’affaiblissement de la créativité si l’IA est mal exploitée.
Un autre enseignant, Nadir Tlabbi, observe que les élèves utilisent l’IA pour leurs recherches scolaires, mais souligne que son emploi doit être encadré. « L’accès rapide à l’information est une force, mais il ne doit pas se substituer à l’effort de réflexion et d’analyse », précise-t-il. Selon lui, une utilisation excessive pourrait affaiblir l’esprit critique des élèves, d’où la nécessité d’un équilibre entre technologie et travail personnel.
L’IA, une opportunité pour transformer l’éducation ?
Abdelkrim El Hayani, inspecteur pédagogique de l’enseignement primaire, considère que l’IA est un levier incontournable des transformations éducatives mondiales. Il rappelle que le système scolaire marocain traverse une crise structurelle et que l’intégration de l’IA pourrait contribuer à l’amélioration de la qualité de l’enseignement. « L’urgence est d’adapter notre école aux réalités numériques actuelles tout en assurant une mise en place réfléchie et équilibrée », insiste-t-il.
Selon lui, l’IA peut aider les enseignants à optimiser leur temps, personnaliser l’apprentissage et surmonter certaines difficultés pédagogiques. Toutefois, il met en garde contre des dérives potentielles, notamment sur les plans culturel, social et éthique. « Il ne s’agit pas de rejeter ces technologies, mais de développer une approche responsable basée sur la sensibilisation, la formation et le contrôle », précise-t-il.
Une stratégie nationale pour une éducation intelligente
L’inspecteur insiste sur la nécessité d’une stratégie nationale intégrée, basée sur deux axes : le développement des infrastructures numériques et la formation des enseignants. « Une réglementation adaptée, la protection des données et une amélioration des capacités pédagogiques sont indispensables pour réussir cette transition », précise-t-il.
Il conclut en appelant à une collaboration entre l’État, les établissements scolaires, le secteur privé et les centres de recherche pour adapter l’IA aux besoins spécifiques du système éducatif marocain et garantir une éducation de qualité pour tous.