Les récentes données de la Commission européenne sur les exportations marocaines d’huile d’olive ont suscité un vif débat parmi les consommateurs. Alors que les prix de cette denrée connaissent une hausse significative sur le marché local, de nombreux Marocains expriment leur inquiétude face à l’impact des exportations sur l’approvisionnement national.
Selon le rapport de la Commission, le Maroc a exporté 841 tonnes d’huile d’olive en octobre et novembre 2023, tandis que les exportations d’olives se sont établies à 12 000 tonnes entre septembre et novembre. Ces chiffres ont alimenté les critiques sur les réseaux sociaux, certains rappelant que le gouvernement avait annoncé des restrictions sur les exportations pour préserver l’équilibre du marché local.
Cependant, des professionnels du secteur jugent ces inquiétudes infondées. Rashid Benali, président de la Fédération interprofessionnelle marocaine de l’olive, estime que le volume exporté reste marginal. “Les restrictions concernent les expéditions supérieures à 30 000 tonnes. Or, nous avons exporté moins de 1 000 tonnes au cours des derniers mois, un niveau insignifiant par rapport aux années précédentes”, explique-t-il.
Benali souligne que le Maroc demeure un acteur incontournable sur le marché international et que les producteurs poursuivent leurs efforts pour renforcer leur présence à l’étranger, notamment en Europe. “Les contrats signés avec les importateurs doivent être respectés, ce qui implique d’assurer les livraisons convenues”, ajoute-t-il.
Concernant l’impact sur le marché local, Benali précise que les huiles exportées correspondent principalement à des variétés peu consommées au Maroc et commercialisées à des prix plus élevés. “L’envoi de 1 000 ou 2 000 tonnes d’une huile peu prisée par les Marocains n’a pas d’effet majeur sur l’offre et la demande locales”, assure-t-il.
En parallèle, pour stabiliser le marché, le Maroc a ouvert l’importation de 10 000 tonnes d’huile d’olive en décembre dernier, suivies de 20 000 tonnes supplémentaires début 2024. Le pays importe annuellement entre 10 000 et 20 000 tonnes d’huile d’olive, principalement en provenance de Tunisie, de Turquie et d’Espagne.
Par ailleurs, l’ancien ministre de l’Agriculture, Mohamed Sadiki, a rappelé que la production nationale d’olives a chuté de 50 % par rapport aux moyennes historiques depuis 2001. Le gouvernement a donc allégé les formalités d’importation et réduit les droits de douane pour garantir un approvisionnement régulier.
Si le Maroc cherche à renforcer son positionnement sur le marché international, le défi reste de maintenir un équilibre entre les exportations et les besoins des consommateurs locaux, dans un contexte de tensions sur les prix.