Blanchiment d’argent au Maroc : Les TPE, nouvel outil des fraudeurs ?

Le secteur des paiements électroniques au Maroc, en pleine expansion, fait actuellement l’objet d’une enquête approfondie menée par l’Autorité nationale du Renseignement Financier (ANRF). Des soupçons de blanchiment d’argent à travers les terminaux de paiement électronique (TPE) ont été soulevés, mettant en cause des entreprises situées dans les périphéries de Casablanca.
Selon des sources bien informées de Hespress, des transferts financiers massifs, souvent supérieurs à 10.000 dirhams, ont été détectés via des comptes bancaires associés à des supermarchés et parapharmacies. Ces transactions, jugées inhabituelles compte tenu des produits commercialisés par ces établissements, ont éveillé les soupçons des régulateurs.
L’enquête de l’ANRF se concentre sur l’identification des cartes bancaires utilisées et des gestionnaires des entreprises impliquées. Les enquêteurs examinent les transactions réalisées avec des prestataires de services de paiement accrédités par Bank Al-Maghrib. Une analyse approfondie des empreintes numériques des transactions a révélé des paiements effectués à des heures tardives, hors des créneaux habituels d’activité commerciale.
Les établissements concernés, principalement situés en périphérie de Casablanca, semblent exploiter des failles dans les dispositifs de paiement électronique. Une orchestration présumée par des jeunes de moins de 22 ans, dont les comptes bancaires récents ne disposent ni de chéquiers ni de numéros ICE, complexifie davantage les investigations. Des dépôts proches de 3.000 dirhams, suivis de retraits rapides, suggèrent un système structuré et potentiellement illicite.
Cette enquête survient alors que Bank Al-Maghrib a récemment plafonné à 0,65% les commissions sur les paiements effectués par carte bancaire. Cette mesure vise à encourager l’adoption des paiements électroniques tout en réduisant la dépendance aux transactions en espèces. Elle interdit également de répercuter les frais de commission sur les consommateurs ou de fixer des montants minimums pour accepter les paiements par carte.
Les investigations se poursuivent pour établir d’éventuelles connexions entre les parties impliquées et comprendre les mécanismes derrière ces pratiques douteuses. Une vigilance accrue est désormais portée sur un secteur considéré comme un levier stratégique pour l’économie marocaine.