
Le projet de modification du Code de la route marocain suscite une vive controverse parmi les professionnels du transport routier. En cause : des sanctions jugées excessives et l’utilisation de la langue française dans l’élaboration de certaines réglementations.
Des sanctions jugées disproportionnées
Le projet de réforme prévoit des peines privatives de liberté et des amendes qualifiées de « lourdes » par les syndicats du secteur. Les articles 35, 36 et 37 de la loi 30.05 sur le transport de marchandises dangereuses imposent des peines allant d’un mois à deux ans de prison et des amendes pouvant atteindre 100 000 dirhams en cas d’infraction.
Selon Mustapha Karkouri, secrétaire général du Syndicat national du transport routier de marchandises, ces sanctions sont « exagérées » et risquent de pénaliser injustement les chauffeurs. Il pointe également le rôle de la police judiciaire dans l’application des sanctions, estimant que certaines décisions sont laissées à l’interprétation des agents.
De son côté, Khalid Abayich, secrétaire national du secteur du poids lourd au sein du Syndicat démocratique des transports, déplore le manque de formation des conducteurs sur le transport de matières dangereuses et plaide pour un accompagnement pédagogique plutôt que répressif.
Une controverse sur l’usage du français
Au-delà des sanctions, une autre polémique agite les professionnels du secteur : l’usage du français dans la rédaction du décret d’application de la loi 30.05. Les syndicats dénoncent le fait que le texte, envoyé par le ministère du Transport et de la Logistique aux représentants du secteur, soit intégralement rédigé en français.
« Les langues officielles du Maroc sont l’arabe et l’amazighe, comme le stipule la Constitution », rappelle Abayich, soulignant que de nombreux chauffeurs et professionnels ne maîtrisent pas le français, ce qui complique la compréhension et l’application des nouvelles règles.
Un dialogue difficile avec le ministère
Les représentants syndicaux reprochent au ministère de ne pas suffisamment consulter les acteurs du secteur avant l’adoption de ces réformes. Selon eux, le ministère se limite à l’envoi des textes et exige des retours écrits sans organiser de réunions de concertation.
Abayich insiste sur la nécessité d’un dialogue direct afin que les préoccupations des professionnels soient prises en compte. Il remet notamment en question la politique de retrait du permis de conduire pour certaines infractions, suggérant plutôt le retrait de la carte professionnelle pour éviter d’impacter la vie personnelle des chauffeurs.
Alors que la date limite pour soumettre les observations sur le décret approche, les syndicats du transport routier espèrent une révision des dispositions controversées et une meilleure prise en compte de leurs revendications.