
Meta, la société mère de Facebook, Instagram et Threads, a annoncé en début d’année la suppression de son programme de vérification des faits (Fact-checking). Une décision qui suscite des inquiétudes quant à la prolifération de la désinformation, notamment au Maroc, où plus de 22 millions de personnes utilisent ces plateformes.
Cette mesure risque d’aggraver la propagation des fake news, d’autant plus que les réseaux sociaux jouent un rôle central dans la diffusion de l’information. Les conséquences pourraient être lourdes, notamment en période électorale ou lors de crises majeures, comme cela a été le cas avec la pandémie de Covid-19, l’affaire du petit Rayan ou le séisme d’Al Haouz.
Mark Zuckerberg, PDG de Meta, justifie cette suppression en affirmant que les organismes de vérification tiers sont biaisés. Cependant, cette explication peine à convaincre, car les vérificateurs de faits, souvent des journalistes et experts, garantissaient une analyse approfondie des contenus. L’essor de l’intelligence artificielle ne suffit pas à compenser cette perte, car ces outils restent imparfaits face aux nuances et contextes des informations.
Cette stratégie s’inscrit dans une tendance amorcée par d’autres plateformes, comme X (anciennement Twitter), qui a remplacé les vérificateurs professionnels par les avis des utilisateurs. Toutefois, cette approche pose problème, car le public n’est pas toujours en capacité de détecter les manipulations et les algorithmes peuvent amplifier des contenus trompeurs en fonction des tendances.
Des interrogations subsistent quant aux motivations réelles de Meta. Certains observateurs y voient un rapprochement stratégique avec l’ancien président américain Donald Trump, alors que la plateforme avait suspendu son compte en 2021. L’embauche de personnalités proches des républicains, comme Joel Kaplan et Dana White, alimente les soupçons d’une politique plus favorable à l’extrême droite américaine.
La réaction des organismes de vérification ne s’est pas fait attendre. La réseau international de fact-checking avertit que cette décision pourrait avoir des conséquences graves, notamment dans les pays vulnérables à la manipulation de l’information, avec un risque accru de déstabilisation politique, de violences et même de génocides.
Au Maroc, la question de la vérification de l’information devient un enjeu crucial. La plupart des médias nationaux ne disposent pas de services dédiés à la lutte contre les fake news, faute de budgets et de formations adaptées. Pourtant, la création d’un programme national de vérification s’impose comme une priorité pour préserver l’intégrité de l’information et contrer les tentatives de déstabilisation.
Alors que la désinformation devient une arme redoutable, sommes-nous prêts à y faire face ?