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Maghreb en Alarme : La Cochenille Dévaste les Cultures de Cactus

Maghreb en Alarme : La Cochenille Dévaste les Cultures de Cactus

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Cochenille

La culture du figuier de Barbarie, autrefois prospère le long des routes agricoles menant à la région de Chbika au centre de la Tunisie, est aujourd’hui en péril. La maladie, connue sous le nom de « cochenille des cactus », s’est répandue à travers le Maghreb et menace de détruire un secteur agricole vital. Depuis son apparition au Maroc en 2014, cette parasite a envahi progressivement l’Algérie et la Tunisie en 2021. En se fixant sur les plaques du cactus, elle aspire la sève des plantes, les endommageant gravement, sans toutefois nuire à l’homme ou aux animaux.

Le figuier de Barbarie représente une ressource cruciale pour ces pays, offrant des fruits, des huiles naturelles, et des produits cosmétiques qui soutiennent de nombreuses familles. En Tunisie, entre 40 et 50 % des surfaces cultivées en figuier de Barbarie sont touchées, bien que les zones dédiées à l’exportation restent épargnées jusqu’à présent. Les autorités tunisiennes signalent que le prix du litre d’huile naturelle peut atteindre 4 000 euros, soulignant l’importance économique de cette culture.

Un Constat Accablant pour les Producteurs

Les producteurs tunisiens, comme Omar Nouira, un agriculteur de 50 ans, se retrouvent désemparés face à cette crise. Nouira, qui avait investi dans une parcelle de figuiers de Barbarie de 0,5 hectare dans la région de Chbika, avait de grands espoirs pour l’exportation de son produit. Cependant, la maladie a ravagé ses cultures, le contraignant à abandonner ses projets d’investissement. « Je voulais initialement tester la production de ‘Sultan al-Ghala’ et progressivement chercher des clients étrangers, notamment pour les huiles naturelles », explique-t-il, ajoutant que le manque de solutions face à cette maladie l’a poussé à renoncer.

En Tunisie, environ 40 entreprises se consacrent à la production de figuiers de Barbarie biologiques destinés à l’exportation, et environ 150 000 familles dépendent de cette culture pour leur subsistance. Le pays est le deuxième plus grand producteur mondial de ce fruit, avec une production annuelle de 550 000 tonnes. Les superficies dédiées à la culture et à l’exportation s’étendent sur 600 000 hectares, dont 150 000 hectares sont spécifiquement réservés à l’investissement et à l’exportation.

Les Réponses Régionales au Fléau

Le Maroc, premier pays touché dans la région du Maghreb depuis 2014, a mis en place un « plan d’urgence » dès 2016. Ce plan comprend des traitements chimiques, l’élimination des plantes infectées, et des recherches sur des variétés résistantes. En Algérie, la maladie a été détectée en 2021 à Tlemcen, entraînant des mesures similaires pour contenir la propagation.

En Libye, où le figuier de Barbarie est cultivé principalement pour délimiter les champs, le pays dépend des importations en provenance de Tunisie. Selon Ibrahim El Chermiiti, entomologiste, le climat sec de la région a favorisé la propagation rapide de cette maladie, qui se propage avec les vents et les conditions climatiques extrêmes. Il attribue également la propagation au manque de contrôles rigoureux aux points de passage frontaliers.

Vers une Solution Durable ?

La Tunisie a tenté de contenir la peste en éliminant les plantes infectées et en introduisant des prédateurs naturels comme la coccinelle. Cependant, ces efforts n’ont pas suffi, et la maladie a maintenant envahi dix gouvernorats. Le ministère de l’Agriculture tunisien envisage maintenant la lutte biologique en augmentant les variétés résistantes et en introduisant la coccinelle.

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Le Maroc a également développé huit variétés de cactus résistantes à la « cochenille des cactus » en 2022 et a commencé à élever des coccinelles. L’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture a fourni 100 coccinelles à la Tunisie en juin 2023 dans le cadre d’un programme de coopération de 550 000 dollars.

Malgré ces mesures, des inquiétudes demeurent, surtout si la maladie atteint des régions rurales marginalisées comme le gouvernorat de Kasserine, où le figuier de Barbarie constitue la principale source de revenu, ce qui pourrait entraîner des troubles sociaux.

La crise du figuier de Barbarie dans le Maghreb est un défi majeur qui nécessite une réponse coordonnée et efficace pour protéger cette culture essentielle pour les économies locales et les moyens de subsistance des agriculteurs.

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