À l’occasion du centenaire du Jardin Majorelle à Marrakech, Artcurial organise une vente-évènement autour de “Majorelle & ses Contemporains”, le 30 décembre dans la Cité ocre.
“Deux chefs-d’œuvre du peintre seront proposés pour la première fois aux enchères, dont l’Aouache à Télouet (circa 1936), une redécouverte majeure (est. 3 850 000 – 5 500 000 MAD) et Bijoux berbères (circa 1933), de la série des « Nus noirs » initiée par le peintre en 1931 dans l’écrin du Jardin Majorelle et conservée depuis plus de 80 ans dans la même famille (est. 2 750 000 – 3 850 000 MAD)”, indique Artcurial dans un communiqué.
“Le second chapitre de cette vente, Moroccan Spirit, présentera 9 œuvres de Mohamed Melehi, chef de file de l’école de Casablanca. Enfin, le chapitre African Spirit, mettra en lumière l’Art Contemporain Africain avec une tapisserie d’Abdoulaye Konaté (est. 275 000 € – 385 000 MAD) et un focus sur le Sénégal avec notamment un autoportrait emblématique du photographe Omar Victor Diop”, précise la même source.
Bijoux berbères de Jacques Majorelle
C’est dans le décor luxuriant de son jardin, abritant plus de 300 espèces végétales, que Jacques Majorelle installe ses modèles à partir des années 1930. Chef-d’œuvre de cette série, Bijoux berbères (circa 1933-1934), représente sous un ciel nocturne une femme agenouillée avec pour seule parure des colliers berbères brillants sous la lune.
Afin de magnifier l’épiderme et les bijoux de son modèle, Jacques Majorelle intègre de la poudre d’or et d’argent sur ses papiers, une technique qui deviendra emblématique de son œuvre. En 1934, le peintre présente cette nouvelle série de nus lors d’une prestigieuse exposition à la Galerie Charpentier à Paris. Bijoux berbères en est l’une des œuvres phares.
L’œuvre est ensuite publiée dans un numéro spécial de l’Illustration de Noël 1935 et exposée à la rétrospective Jacques Majorelle au Musée des Beaux-Arts de Nancy et à l’Institut du Monde Arabe (1999-2000). Conservée depuis plus de 80 ans dans la même famille, l’œuvre est estimée 2 750 000 – 3 850 000 MAD.
L’Aouache à Télouet pour la première fois aux enchères
C’est une redécouverte majeure dans le corpus de l’artiste. Conservée depuis plus de 80 ans dans la même famille, L’Aouache à Télouet (circa 1936) est le seul modello de Jacques Majorelle connu à ce jour pour l’œuvre monumentale commandée pour l’Hôtel de Ville de Casablanca, l’Aouache à Télouet (4 x 3.60 m) aujourd’hui conservée au Musée du Patrimoine Immatériel de Jamaâ El Fna à Marrakech (est. 3 850 000 – 5 500 000 MAD).
Elle est reproduite dès le printemps 1937 en couverture de la revue L’Atlas, puis dans Le Maroc du Nord au Sud, en janvier 1938. Louis Delau, directeur des revues, déclare que Majorelle est parvenu à saisir « l’âme du pays ». Ce chapitre Majorelle & ses Contemporains sera complété par des œuvres d’artistes orientalistes classiques tels que Ernst, Girardet, Lecomte du Nouÿ, Bridgman et Cruz Herrera.
Un ensemble d’oeuvres de Melehi
Le chapitre Moroccan Spirit présentera neuf œuvres de Mohamed Melehi réalisées entre 1964 et 2019, provenant de la succession de l’artiste et de collections privées. Entre 1962 et 1964, Melehi travaille à New York et participe en 1963 à l’exposition Hard Edge and Geometric Painting au MoMA. C’est au cours de cette période new-yorkaise qu’il réalise Une Autre Nature (1964), une acrylique sur toile, qui sera exposée dès son retour au Maroc à la Galerie Bab Rouah de Rabat en 1965 (est. 300 000 – 400 000 MAD).
La toile Flamme (circa 1969-1970) mesurant 118 x 99,50 cm, est estimée 800 000 – 1 200 000 MAD. Symbole emblématique de l’artiste, la flamme entre dans le répertoire de Melehi au début des années 1970 avec la couverture de la revue Intégral en 1971.
Chef-d’œuvre des années 1980, Pyramidal (1984) est exposée l’année de sa création au Bronx Museum à New York dans le cadre de l’exposition Melehi, Recent paintings. Cette œuvre de 2m x 1,25m alliant motifs géométriques, faisceaux d’ondulations et dégradés de couleurs fait écho aux fresques urbaines monumentales que l’artiste réalise dans la ville d’Asilah.
Elle sera également exposée à Londres et à Marrakech pour l’exposition New Waves : Mohamed Melehi et les archives de « l’École de Casa » en 2019 (est. 1 000 000 – 1 500 000 MAD). Ce chapitre proposera également des œuvres de grands noms de l’art moderne et contemporain marocain tels que Glaoui, Rabi’, Yacoubi, Essaydi, Chaïbia ou encore Idrissi.
African Spirit
Le chapitre d’art contemporain africain présentera une importante tapisserie de l’artiste malien Abdoulaye Konaté. Composition Massabelè est un assemblage réalisé en 2017 à partir de bandelettes de bazin, un textile traditionnel malien teint à la main, et de broderies (est. 275 000 – 385 000 MAD).
Dès 2016 à la suite de sa résidence à la Fondation CDG de Rabat, Abdoulaye Konaté commence à intégrer des tissus marocains dans ses créations en plus du bazin dont il a fait sa signature.
Un rare tirage grand format du photographe camerounais Samuel Fosso sera également présenté. La femme américaine libérée des années 70 fait partie de la série Tati, créée en 1997 pour le 50e anniversaire de l’enseigne française de vêtements (est. 110 000 – 165 000 MAD).
À cette sélection s’ajoute une toile d’Hilary Balu, de la série « In the floods of illusions », une pièce majeure d’Aboudia ayant été reproduite dans la monographie de l’artiste, ainsi qu’un ensemble de six œuvres modernes congolaises du chef de file de l’Ecole du Hangar, Pilipili Mulongoy.
Lumière sur le Sénégal
Les artistes sénégalais seront mis à l’honneur dans cette édition African Spirit 2024. Un autoportrait emblématique du photographe Omar Victor Diop, Allegoria 1, issu de la série Allegoria exposée à Paris Photo en 2021, sera offert à la vente.
À travers cette série, Omar Victor Diop invite le public à réfléchir aux enjeux écologiques. Il intègre des scans de manuels d’Histoire Naturelle et d’encyclopédies à ses photographies, créant des collages digitaux saturés en couleurs pour replacer la nature au centre de ses œuvres. Allegoria 1 fait partie des images les plus emblématiques de cette série et a été choisie pour illustrer la couverture de la monographie de l’artiste publiée en 2021 (est. 44 000 – 66 000 MAD).
Les amateurs et collectionneurs pourront également découvrir des artistes de l’École Moderne de Dakar tels que Papa Ibra Tall, M’bor Faye ainsi que des artistes contemporains incontournables de la scène sénégalaise Omar Bâ ou Soly Cissé, conclut le communiqué.


